lundi 8 mars 2010

L'homme pressé

Il fait froid dehors, c'est l'hiver qui est arrivé bien trop tôt à mon goût. Je n'ai pas forcément envie de sortir mais je n'ai vraiment pas le choix,j'suis préssé, Lambert veut me voir, il a quelque chose d'urgent dont il veut me faire part. Je tente d'enfiler mon jeans, non pas sans difficulté, à cause de ces putain de kilos pris ces dernières semaines. C'est en regardant ces cuisses immondes, ce cul bien trop développé et ces plis sur le futal que je me rend compte que je déteste mon corps , encore plus qu'avant. Pourtant je n'ai pas toujours été si enveloppé et je dois même dire que j'étais plutôt bien foutu il y a encore quelques temps, avant que je ne m'enferme chez moi et que je me décide à rester cloitrer, à ne plus vouloir voir personne, et maudire le reste du monde. C'est assez facile mais à la longue ça lasse, et une petite excursion de temps en temps ne me fais pas de mal non plus. Dernier passage devant le miroir et je me recoiffe un peu. Mes cheveux font n'importe quoi aujourd'hui, je vais mettre un bonnet. Quelle tête de con putain. Je mets ma veste, je prends mes clés,mon paquet de clopes et je n'oublie pas l'Ipod. Je descends cinq marches qui mènent à l'entrée et je m'arrête.Chercher la bonne chanson à mettre avant de franchir la porte qui donne sur la rue , c'est devenu un rituel, un moment crucial de ma sortie dans le grand monde,et pourtant je suis préssé. Je suis patéthique et je regrette les moments ou je sortais sans même me soucier de ce à quoi je devais faire face en croisant les regards des badauds dans la rue. Bon! Ce sera du Bruckner. Et on ouvre la porte.
Putain ce qu'il fait froid. Comment il fait ce mec pour supporter la nuit dans la rue ? Et merde les clodos veulent pas aller dans les centres parce qu'ils ont peur de se faire voler leurs affaires. Mais mon gars, t'en as aucune d'affaire, t'as rien du tout, essaie pas de faire ton sentimentaliste ou ton matérialiste à la con, c'est inutile, tu créveras comme nous tous un jour ou l'autre, alors au lieu de te geler les couilles sur le trottoir, fais toi un peu aider et arrête de mandier pour un peu de picole, t'es pitoyable. Je te cracherais bien dessus mais j'ai pas le temps, j'suis préssé. Le premier bus arrive dans 10 minutes, et il m'en faut un peu moins pour aller chez Lambert. Tant pis je marcherais,pas que ça à foutre. Ce jeans me pèse, il me colle, et moi qui pensais que le froid l'aiderait à se détendre un peu. C'est bien pour ça que je redoute l'été, si je continue dans cette voie, pas de tunes pour m'acheter un nouveau falzar,et avec la chaleur et la sueur, je vais crever. Bon heureusement que je ne porte pas de caleçon, ça aurait ajouté un bout de tissu en plus, et je me serais senti encore plus mal à l'aise dedans.
Je suis arrivé, t'a interet à etre chez toi mon pote.Je sonne et je tape, comme ça je suis sur qu'il m'entend. Merde on peut pas fumer chez lui, pourquoi je m'en suis pas grillé une sur la route ? Tant pis, j'attendrais, j'en ai déjà fumé 5 en une heure. J'aime bien enchainer deux clopes quand je me lève. En fait, je sens quasiment pas le gout de la première, ma bouche est toute pateuse et je savoure pas. La deuxième, je l'accompagne avec un café, c'est vachement meilleure. J'ai l'un dans une connerie de journal féminin qu'il fallait boire un verre d'eau dés que tu te levais,pour nettoyer ton corps de toutes les toxines et les "émotions" de la veille... Putain ça veut dire quoi ça émotions de la veille? Genre ta nana t'a largué alors tu bois un verre d'eau le lendemain et tu te sens mieux ? Je rigole tout seul, et la porte est toujours fermée. Bon, tant mieux pour moi, je vais pouvoir me fumer ma clope.


10 minutes à taper à la porte, et il ouvre toujours pas. Bon je tente d'ouvrir la porte moi même. C'est fermé. Les volets sont fermés et j'entends rien, pas de bruit à l'intérieur. C'etait bien la peine de se presser. Je vais l'appeller sur son téléphone. Ca sonne. Il décroche même pas. Putain c'etait bien la peine de me presser comme ça, de me faire tout un film avant de sortir. D'habitude il faut me motiver la veille, voire deux jours avant pour me faire sortir de chez moi. T'es sur que c'etait une urgence ducon? Va te faire foutre, je vais prendre le bus et je vais éteindre mon téléphone. J'ai peut etre même encore le temps de fumer une clope avant que le prochain bus arrive, et avec un peu de chance y aura personne à l'arrêt, je serais tranquille. Et puis une fois chez moi je pourrais enfin enlever ce putain de jeans et me remettre sous la couette. Et je te jure que je ressortirais pas avant au moins 2 semaines.

2 commentaires:

Randal a dit…

Super, j'aime bien ! C'est une histoire réel ou fictive ? Pourquoi ?

French Splendor a dit…

Fictive, c'est une nouvelle. merci.